Le champion suisse d’attelage à quatre chevaux, Jérôme Voutaz, est en route pour l’Europe

À peine descendu du podium national à Céligny, Jérôme Voutaz enchaîne avec les Championnats d’Europe à Lähden. Deux compétitions d’importance qui rythment sa saison.

Jérôme Voutaz au Championnat Suisse 2025 à Céligny | © Brigitte Gfeller

Le meneur valaisan traverse une période particulièrement intense. À peine couronné champion suisse d’attelage à quatre chevaux lors des Championnats suisses à Céligny (GE), Jérôme Voutaz se remet déjà en selle. Il sera au départ des Championnats d’Europe, du 3 au 7 septembre 2025, à Lähden (GER). Après une préparation intense, il aborde ces Championnats d’Europe avec une ambition affirmée.

Directeur du Garage du Mont-Blanc Moulin SA à Martigny-Croix en semaine, vous êtes aussi co-propriétaire de votre attelage avec Pierre Emonet et en tenez les guides en tant que meneur. Comment parvenez-vous à concilier vos responsabilités professionnelles avec l’exigence de la préparation en vue d’un Championnat d’Europe ?

Quand ma journée de travail se termine, je file directement aux écuries. J’ai la chance d’avoir ma compagne à mes côtés, son aide est précieuse. Nos soirées et nos week-ends sont consacrés aux chevaux : environ deux heures d’entraînement chaque soir, et parfois jusqu’à six heures par jour le week-end. C’est un vrai rythme de vie, mais c’est la seule manière d’être prêt à ce niveau.

Et concrètement, comment s’est déroulée votre préparation spécifique pour ces Championnats d’Europe ?

Cette année, ce n’était pas simple, car il a fallu préparer en parallèle les jeunes chevaux pour les Championnats suisses à Céligny, qui ont eu lieu le week-end dernier. L’idée était de garder tout le monde en forme, peut-être même encore plus que d’habitude. Nous avons neuf chevaux au total. J’ai choisi d’atteler les jeunes lors des Championnats suisses afin de préserver ceux qui feront le déplacement à Lähden pour le Championnat d’Europe. Ça demande une organisation énorme.

Quel est votre objectif pour cette échéance européenne ?

Mon objectif est clairement un top 10. C’est à portée si tout s’aligne, mais dans notre discipline, le moindre grain de sable peut tout faire basculer et nous faire reculer au classement. Mes chevaux ont le potentiel d’aller plus loin encore, grâce à leur vitesse et leur efficacité, mais cela exige que je sois aussi prêt et affûté qu’eux. Et ce n’est pas simple : entre les déplacements, le manque de sommeil, les longues journées rythmées par le nettoyage, le chargement et toute l’organisation, la fatigue se fait vite sentir. C’est un sport qui met autant à l’épreuve le corps que l’esprit, avec ses pics d’adrénaline et ses moments de creux. Malgré tout, je reste confiant : avec la bonne préparation et l’énergie de mes chevaux, nous pouvons viser haut.

Vous avez déjà été champion d’Europe de marathon et de maniabilité à Göteborg en 2017. Est-ce que cette expérience vous rend plus confiant aujourd’hui ?

Pas forcément, car chaque championnat a ses propres enjeux. Cette fois, nous allons à Lähden, chez la famille Sandmann. Leur fille, Anna, vient d’être sacrée championne d’Allemagne, et les meneurs allemands restent parmi les meilleurs du monde. Les Hollandais, eux, visent clairement un top 10, ce qui promet une concurrence très relevée. Dans ce sport, l’environnement joue un rôle énorme : connaître le terrain peut vraiment faire la différence. Nous sommes partis lundi soir pour quatorze heures de route, afin d’arriver tôt et de pouvoir reconnaître le parcours rapidement.

Avez-vous déjà eu l’occasion de découvrir le site de Lähden ? 

Oui, j’ai déjà eu l’occasion d’y aller. J’ai aussi regardé des vidéos d’attelages à deux chevaux, qui ont eu lieu sur le même terrain, car elles révèlent de précieux détails. À Lähden, l’obstacle d’eau est particulièrement impressionnant : tout dépend de la quantité d’eau ajoutée, et cela change complètement l’effort demandé aux chevaux. Imaginez : le char pèse déjà environ 600 kilos, avec trois personnes à bord. Ajoutez à cela la résistance de l’eau, et si la pluie transforme le terrain en boue, cela devient un effort colossal pour les chevaux. C’est ce genre de préparation et d’anticipation qui fait toute la différence lors des grandes épreuves.