La carrière sportive de Felix Vogg a débuté déjà chez les poneys, avec à son actif plusieurs participations aux championnats d’Europe. Ont suivi les années chez les juniors puis les jeunes cavaliers, avant son passage dans l’élite, marqué par de nombreuses sélections pour les championnats du monde et d’Europe ainsi que par trois participations aux Jeux olympiques. Aujourd’hui âgé de 35 ans, il est une figure incontournable d'Eventing suisse.
Felix Vogg, tu disposes de plusieurs chevaux de tout premier plan. Comment as-tu choisi celui que tu monteras à Blenheim ?
C’est vrai, j’ai beaucoup de chevaux remarquables à l’écurie, parmi eux Dao de l’Océan (propriétaire : Phoenix Eventing Sàrl), Colero (propriétaire : Jürgen Vogg) et Cartania (propriétaires : Felix Vogg & Phoenix Eventing Sàrl). Mais il y a aussi Frieda, une jument holsteiner de 12 ans (propriétaires : Phoenix Eventing Sàrl & Felix Vogg). Elle est parfois un peu éclipsée par les autres chevaux de tête. Elle a un peu moins d’expérience, mais possède un grand potentiel. Cette année, j’ai voulu lui consacrer davantage d’attention et l’ai préparée spécifiquement pour ce championnat d’Europe.
Parle-nous de Frieda !
J’ai découvert Frieda à l’âge de 5 ans en Angleterre. C’est une jument très sensible et pas toujours facile, mais j’apprécie justement les chevaux qui présentent des défis. Déjà toute jeune, j’étais convaincu de son potentiel, même si elle n’a pas le physique idéal pour notre discipline. Elle est très proche de l’humain et « très bavarde » – elle exprime clairement ses besoins. Son plus grand handicap est sa peur des autres chevaux. Elle peut sans problème aller au pré avec eux, mais montée ou en main, elle peut paniquer lorsqu’elle en croise. Nous travaillons là-dessus, mais cela reste compliqué. J’espère qu’avec plus de confiance en elle, cela finira par disparaître.
Tu as récemment déménagé avec tes chevaux dans de nouvelles installations près de Genève. Comment cela s’est-il fait ?
Oui, c’est exact. L’écurie se situe en France, juste à la frontière suisse, près de Genève. C’est la structure de Stéphanie Hoffmann, propriétaire de plusieurs chevaux que je monte. Cela faisait un moment qu’elle souhaitait que je m’installe plus près d’elle avec mes chevaux. Finalement, tout s’est mis en place. Ce déménagement m’offre non seulement de nouvelles possibilités d’entraînement, mais aussi l’occasion de rendre quelque chose à Stéphanie. C’est une superbe installation qui offre tout ce dont un cavalier d’eventing rêve : un grand manège, une vaste carrière extérieure, des obstacles fixes, une piste en sable avec des montées et descentes… L’écurie n’avait pas été utilisée depuis longtemps, donc certains sols ne sont pas encore optimaux – mais nous y travaillons.
On l’entend bien : les chevaux d’Eventing doivent être entraînés de façon très variée. Cela doit être extrêmement exigeant, surtout quand on veut maintenir plusieurs chevaux de haut niveau au top. À quoi ressemble ton quotidien d’entraînement ?
En résumé : se lever tôt et se coucher tard (rires). Il ne faut pas se voiler la face : c’est énormément de travail. Autrefois, en plus des chevaux d’Eventing, je montais aussi des chevaux de saut d’obstacles, mais j’ai dû admettre que je n’avais tout simplement pas le temps pour les deux. J’ai du mal à dire non lorsqu’on me propose un bon cheval à monter, et je ne suis pas du genre à abandonner tout de suite si ce n’est pas un crack absolu.
J’ai aussi de très bons jeunes chevaux. Pour le moment, ils sont en formation dans le nord de l’Allemagne, car là-bas il y a plus de possibilités de les amener progressivement vers le sport de haut niveau.
Monter, c’est une chose. Mais l’éducation demande bien plus : il faut aussi passer du temps avec les chevaux en dehors de la selle, pour bâtir la confiance et comprendre leurs besoins – surtout avec les chevaux sensibles.
Lors d’un championnat comme celui de Blenheim, tu as beaucoup de temps à consacrer à ton cheval. De quoi Frieda a-t-elle besoin dans une telle situation pour donner le meilleur d’elle-même ?
Frieda a besoin de beaucoup d’attention – elle veut être au centre. Elle aime qu’on s’assoie devant son box, qu’on se promène avec elle, qu’on la fasse brouter. Elle a énormément besoin de communication et veut être perçue. À cause de sa peur des autres chevaux, j’essaie de la monter tôt le matin ou pendant la pause de midi, quand c’est plus calme. Je suis toujours soulagé quand mes heures de départ se situent au début ou à la fin de l’ordre de passage, pour éviter trop de chevaux sur la piste de détente en même temps. Ou alors j’essaie de contourner le paddock en la détendant, par exemple, en forêt si c’est possible.
Il est important pour moi que les chevaux se sentent bien dans ce que nous faisons. Je m’adapte à leurs besoins.
Mais à un championnat d’Europe, il faut aussi que les résultats soient là. Quels sont tes objectifs avec Frieda à Blenheim ?
Bien sûr, j’attends une performance sportive de mes chevaux, mais toujours en tenant compte de leurs possibilités du moment. Plus important que le résultat absolu est pour moi leur évolution et leur épanouissement. J’ai la chance d’avoir à mes côtés Stéphanie, une propriétaire qui comprend cela et me soutient. Évidemment, nous voulons tirer le meilleur de nos chevaux, mais toujours dans le respect de leur bien-être et de leur santé sur le long terme.
Pour Frieda, Blenheim sera son tout premier championnat. Elle a toutefois montré de belles choses toute la saison. Malheureusement, notre préparation n’a pas été idéale, car elle a dû soigner une petite infection cet été et moi-même, après une chute en août, j’ai dû faire une pause. Mais aujourd’hui, nous nous sentons tous deux à nouveau en pleine forme et prêts pour le championnat d’Europe.
En individuel, mon objectif est une place dans le Top 20, et je veux apporter ma contribution à un bon résultat d’équipe. À moyen terme, nous montons tous avec l’objectif de briller l’an prochain aux championnats du monde d’Aix-la-Chapelle (GER). Blenheim est une étape importante et un test décisif sur ce chemin. J’ai vraiment hâte !
L’équipe Suisse :
- Robin Godel avec Global DHI (propriétaire : Catherine Brünisholz)
- Mélody Johner avec Erin (propriétaire : Mélody Johner, Syndicat Gama)
- Nadja Minder avec Toblerone CH (propriétaire : Nicole Basieux)
- Felix Vogg avec Frieda (propriétaire : Phoenix Eventing Sàrl, Felix Vogg)
- Chef d'équipe : Dominik Burger
- Vététrinaire d’équipe : Antonia Müller
- Coach de dressage : Gilles Ngovan
- Coach de cross : Andrew Nicholson
- Coach de saut : Markus Fuchs