Source : brochure « Cavaliers suisses élite : Saut d'obstacles | Dressage | Concours Complet », éditée par « Pferdewoche »
Evelyne Niklaus, cette brochure des cadres regroupe l’élite et les jeunes talents des disciplines olympiques et paralympiques. Comment jugez-vous la situation actuelle dans ces disciplines ?
Avec la médaille d’argent individuelle en saut d’obstacles aux Jeux olympiques de Paris en été 2024, Steve Guerdat a réalisé une performance absolument exceptionnelle avec Dynamix de Bélhème. Et les deux diplômes olympiques en concours complet pour Felix Vogg en individuel et pour l’équipe de Suisse sont également des résultats exceptionnels dont nous pouvons être fiers. Dans les disciplines de la voltige et de l’attelage, les athlètes ont également réalisé de grandes performances. Mais il y a aussi eu des déconvenues que nous devons analyser : en saut, la performance décevante de l’équipe à Paris ou le bilan mitigé de la saison des Coupe des Nations ; en dressage aussi, il y a des questions que nous devons nous poser. En tant que fédération, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, mais être proactifs dans la construction de l’avenir. Ces succès ne doivent pas nous faire oublier qu’il y a beaucoup à faire dans le domaine du sport de haut niveau au sein des disciplines olympiques et paralympiques. Et le sport de masse joue également un rôle central car ce que nous faisons correctement à la base porte ses fruits plus tard avec l’élite. Nous devons augmenter de manière ciblée la densité des performances dans toutes les disciplines évoquées, et ce dès le niveau de la relève. C’est notamment l’objectif que s’est fixé le programme de promotion de la relève Swiss Equestrian Talents pour les trois disciplines olympiques que sont le concours complet, le dressage et le saut d’obstacles.
Quel bilan tirez-vous de cette première année ?
Le bilan de la première année du programme Swiss Equestrian Talents est très positif. L’objectif d’accompagner les jeunes talents de la base au haut niveau et de leur donner, au fil des ans, les outils nécessaires à une carrière professionnelle est atteint. Nous ne nous contentons pas d’encourager les jeunes talents sur le plan sportif, mais nous les aidons à devenir des athlètes complets. L’agenda des Swiss Equestrian Talents sera poursuivi en 2025, avec des optimisations ponctuelles sur la base des expériences et des feed-backs obtenus ainsi que, par exemple, les réactions des associations régionales en ce qui concerne le Scouting Day.
Et qu’en est-il du para-sport ?
Dans le domaine du para-sport, Swiss Equestrian fait partie des dix fédérations sportives sélectionnées et soutenues par Swiss Olympic pour la mise en oeuvre d’un projet d’inclusion. Ce dernier, prévu sur plusieurs années, permettra de mettre en place différentes mesures pour promouvoir le sport para-équestre en Suisse – la journée portes ouvertes d’octobre 2024 était l’une d’entre elles. Parmi les autres priorités figurent le recrutement d’autres athlètes para-équestres, la formation d’entraîneurs de para-dressage et une meilleure intégration du para-dressage dans les compétitions nationales. En mars 2025, par exemple, une formation des juges pour le para-dressage aura lieu avec le juge FEI allemand Marco Orsini. Le para-dressage connaît actuellement un nouvel essor en Suisse, ce qui nous réjouit beaucoup et que nous soutenons à tout point de vue dans la mesure de nos possibilités.
Ces mesures concernent en premier lieu le sport de masse, autrement dit la base. Qu’en est-il dans ce domaine pour les autres disciplines ?
Le sport de masse constitue toujours le socle du sport d’élite, c’est pourquoi ces deux domaines sont deux des quatre piliers sur lesquels repose notre fédération. Les deux autres sont les services et l’éthique. Lescomités techniques sont responsables du développement des sports équestres dans leurs disciplines respectives. En 2024, nous avons préparé des données relatives à l’évolution du sport de compétition au cours des douze dernières années et analysé les forces, les faiblesses, les opportunités et les risques de chaque discipline au sein des comités techniques. Nous en déduisons maintenant des mesures concrètes pour assurer l’avenir des sports équestres en Suisse. Grâce au nouveau processus de modification des règlements, qui a été adopté à l’automne 2024, nous pouvons désormais introduire de nouvelles solutions de manière plus flexible. Il existe désormais trois formes de décrets : Règlements, Directives et Projets. Ces derniers servent à mettre en oeuvre des projets pilotes rapidement et à titre d’essai pour une période maximale de deux ans. S’ils font leurs preuves, ils seront transformés en règlement ou en directive à l’issue de la phase pilote. Nous devons agir maintenant et faire preuve d’innovation afin d’attirer à nouveau davantage de personnes vers le sport de compétition. Les comités techniques jouent un rôle central à cet égard. C’est très motivant pour tous de travailler concrètement au développement de notre formidable sport. Une mesure concrète pour 2025 est l’introduction de nouvelles épreuves d’initiation au saut d’obstacles afin de permettre aux enfants de s’essayer au sport de compétition dès leur plus jeune âge. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. D’autres idées vont maintenant être approfondies et mises en oeuvre. Par ailleurs, Swiss Olympic a adopté fin 2024 notre concept de promotion du sport de masse, de sorte que nous pourrons à l’avenir compter davantage sur le soutien de l’association faîtière du sport suisse dans ce domaine également. La relation entre le cheval et l’homme est unique et reste toujours au centre de toutes les réflexions que nous menons sur l’avenir de notre sport. C’est aussi l’objectif de notre campagne pluriannuelle « L’art de vivre à cheval », qui montre que le contact avec le cheval est bien plus qu’un sport.
Vous avez évoqué le pilier de l’éthique. Qu’est-ce que cela signifie pour les sports équestres ?
L’éthique comporte une dimension bien plus importante dans notre sport que dans d’autres disciplines. Elle englobe non seulement le comportement d’homme à homme, mais aussi le comportement envers le cheval. Il s’agit de respecter la dignité et les besoins de toutes les parties concernées. En tant qu’association, nous devons informer et proposer des solutions lorsque des situations problématiques sont vécues ou observées. Il existe des limites claires, comme la loi sur la protection des animaux ou les règles antidopage. Mais il y a aussi de nombreuses zones d’ombre. Celles-ci sont souvent liées à un manque de connaissances, c’est pourquoi nous investissons aussi beaucoup dans la formation dans le cadre du pilier éthique, par exemple pour les athlètes de la relève, les entraîneurs ou les officiels, entre autres dans le cadre du Swiss Equestrian Forum en février 2025. Une chose est claire : ce n’est qu’ensemble, avec tous les acteurs et en tenant compte des quatre piliers de Swiss Equestrian, que nous pourrons assurer l’avenir des sports équestres en Suisse et au-delà, de la base à l’élite.