Du saut à l’endurance : le défi qui l’a menée jusqu’aux Mondiaux

À seulement 17 ans, elle portera les couleurs de la Suisse lors des Championnats du Monde Juniors et Jeunes Cavaliers en Endurance à Buftea, du 19 au 22 septembre 2025 ! Dans notre interview exclusive, elle partage son parcours éclair et sa complicité avec Gasby.

FEI Endurance - Saint-Barthélémy-de-Vals 2025

Julie Curchod, née en 2008, est une jeune cavalière suisse de Mauraz (VD) qui partage sa passion entre le saut d’obstacles et l’endurance. Partie d’un simple défi avec sa maman, elle s’est rapidement imposée dans la discipline et a terminé 19ème aux Championnats d’Europe Juniors 2024 à Arborea (ITA). Avec son cheval Gasby du Sauveterre, un pur-sang arabe plein d’énergie et de mental, elle a déjà montré un beau potentiel. Ce week-end, elle représentera la Suisse aux Championnats du Monde Juniors et Jeunes Cavaliers à Buftea (ROU). Entre études et compétitions, elle incarne une génération déterminée et prometteuse.

Peux-tu nous raconter comment tu es venue à l’endurance et quel a été ton parcours jusqu’ici ? 
J’ai commencé l’endurance il y a trois ans. Avec ma maman, cavalière à haut niveau en Endurance, on s’est lancé un défi. Elle devait faire du saut d’obstacle et je devais essayer l’endurance... et c‘est parti de là. À la base, je faisais uniquement du saut d’obstacles et je pensais que l’endurance n’était pas faite pour moi. Je me disais que j’allais m’ennuyer, parce que c’est une discipline très différente du saut. Mais finalement, je me suis prise au jeu. En deux ans, j’ai réussi à obtenir toutes mes qualifications et j’ai pu participer aux Championnats d’Europe Juniors 2024 à Arborea, en Italie. C’était une expérience incroyable : j’ai terminé 19ème sur 49, on a bien géré la course et j’ai beaucoup appris, surtout dans la gestion des départs en groupe et la stratégie de course. Aujourd’hui, je fais du saut et de l’endurance, parce que les deux me plaisent. Le saut me procure de l’adrénaline, c’est plus du jeu et de l’amusement, alors que l’endurance m’apprend à analyser mon cheval, à l’écouter sur la durée et à adopter une autre approche.

Tu viens d’être sélectionnée pour les Championnats du Monde Jeunes Cavaliers à Buftea. Comment as-tu réagi et comment arrives-tu à gérer la pression ? 
Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais hyper heureuse et très fière de représenter la Suisse. J’avais déjà eu la chance de participer aux Championnats d’Europe, donc je savais un peu à quoi m’attendre, et ça m’a donné confiance. Bien sûr, il y a toujours un peu de stress, mais je pense arriver à bien gérer. Le fait d’être aussi en concours de saut régulièrement m’aide beaucoup à m’habituer à la pression. Ce qui m’aide aussi, c’est de ne pas trop y penser et de rester entourée, parler aux autres plutôt que de me retrouver seule avant une grande épreuve.

Comment arrives-tu à concilier ton sport de haut niveau et tes études ? 
Je suis en deuxième année de gymnase. Ce n’est pas toujours simple d’allier les deux, mais je m’organise au mieux. Je n’ai pas voulu entrer dans le programme “Gymase Sportif” car j’ai envie de suivre le cursus classique, mais je suis dispensée de cours de gym. C’est parfois compliqué de rattraper les cours quand je pars en compétition, mais je tiens le rythme. Et puis, je sais que je veux faire autre chose plus tard : j’aimerais me tourner vers le marketing. Les chevaux, c’est ma passion, mais pas forcément mon futur métier. Je préfère que ça reste quelque chose qui m’anime et pas une contrainte professionnelle.

Parle-nous de Gasby du Sauveterre, ton partenaire pour ces Mondiaux. Qu’a-t-il de spécial ? 
Gasby a 9 ans, c’est un pur-sang arabe avec beaucoup d’énergie et un grand cœur — au sens propre comme au figuré, puisqu’il a sa liste en forme de cœur sur la tête ! Il n’est pas très câlin, il aime qu’on le laisse tranquille, mais il est toujours volontaire. C’est un cheval qui a un énorme mental et il a toujours envie d’avancer. Je me souviens d’une arrivée où la plupart des chevaux étaient déjà au pas, fatigués, et lui galopait encore avec une vraie envie de tout donner. C’est ce qui fait sa force. C'est un sentiment incroyable de pouvoir participer à ce championnat avec le cheval qui m'a permis de faire toutes mes qualifications, de la première course sur 40 km jusqu'à 120 km.

Comment s’est déroulée votre préparation pour les Championnats du Monde ? 
On a fait trois courses cette année, dont une où on termine deuxièmes. J’ai été plus vite que d’habitude et Gasby a très bien suivi, c’était vraiment motivant. Gasby reste en Camargue avec mon coach pour travailler les longues sorties de galop. Moi, je descends régulièrement pour m’entraîner avec lui, et à la maison je monte aussi un cheval et un poney. C’est une organisation qui me permet de continuer le saut en parallèle et de garder un bon équilibre. Personnellement, je n’ai pas de programme physique particulier en dehors de l’équitation, mais monter tous les jours me suffit. Et je crois que le fait de pratiquer le saut en plus de l’endurance m’apporte beaucoup de technique et d’équilibre, ce qui est un vrai atout.

As-tu une anecdote marquante qui t’a particulièrement inspirée ? 
Oui, je me souviens de mon premier CEI, il y a deux ans. J’ai terminé la course main dans la main avec Enora Boulenger, une grande cavalière française. C’était un moment très fort et symbolique pour moi. Aujourd’hui, Enora est à nos côtés pour nous aider dans le Championnat du Monde.

Lors de ces compétitions, je ne suis jamais seule : quatre assistants nous accompagnent. Ils ont un rôle essentiel et s’assurent que mon cheval reste bien hydraté, ils m’épaulent lors des contrôles vétérinaires — il y en a huit au total pour cette épreuve — et, ils contribuent directement à notre performance. Par exemple, Enora m’apporte son expérience, mon coach et entraîneur Laurent Mosti, me guide depuis le début de ma carrière et m’apporte toujours les bons conseils techniques au bon moment. Et puis, il y a mes parents, Pierre-André et Véronique : ils sont partout à la fois, attentifs au moindre détail, toujours là pour encourager, rassurer et donner l’énergie de continuer.