« Avec les chevaux, il n’existe pas de recette miracle : il faut toujours se réinventer. »

Les Championnats Suisses de voltige se tiendront du 26 au 28 septembre 2025 à Fehraltorf. À cette occasion, nous avons rencontré Monika Winkler-Bischofberger, longeuse et entraîneuse de renom, qui nous dévoile son parcours, sa passion et sa vision de la discipline.

© Lorena la Spada

Les Championnats Suisses de voltige réunissent l’élite nationale de ce sport spectaculaire. Parmi les personnalités marquantes, Monika Winkler-Bischofberger occupe une place toute particulière. Depuis 2007, elle représente régulièrement la Suisse avec son équipe d’élite sur les grandes scènes internationales – des championnats du monde aux championnats d’Europe – et a remporté de nombreuses médailles pour son pays. Longeuse expérimentée et entraîneuse passionnée, elle est également experte J+S et formatrice dans le sport de performance. Par son engagement, son expérience et sa capacité à créer le lien essentiel entre le cheval, les voltigeurs et l’équipe, elle est devenue une figure incontournable de la voltige suisse.

Monika, peux-tu nous dire ce que t’apporte ta double fonction de longeuse et d’entraîneuse ? Comment ces deux rôles se complètent-ils pour toi ?

Depuis 2007, j’ai eu la chance de participer, presque sans interruption, avec mon équipe élite et mes voltigeuses élites individuelles, aux Championnats du monde et d’Europe ainsi qu’aux Jeux équestres mondiaux pour la Suisse. À l’exception des années de pandémie, nous avons pu, chaque année, former une équipe performante et motivée, et ainsi remporter de nombreuses médailles pour la Suisse – aussi bien en équipe qu’en individuel.

Mon rôle de longeuse est très varié. J’élabore le programme d’entraînement de mes chevaux, qui doit rester diversifié : travail à la longe lors des séances de voltige, travail de dressage, sorties en extérieur, mise au pré, mais aussi gymnastique. En tant qu’entraîneure, j’accompagne les voltigeurs dans leur préparation physique, artistique et mentale. Ces deux missions se complètent parfaitement : mieux je comprends les athlètes, mieux je peux adapter mon travail avec le cheval – et inversement. C’est justement cette diversité qui rend ma grande passion pour la voltige si passionnante et enrichissante.

Comment choisi-t-on un cheval de voltige ? Selon quels critères ? 

Un bon cheval de voltige doit avant tout être en bonne santé et avoir un caractère fort et équilibré. Il doit montrer une bonne attitude au travail et aimer galoper avec facilité. Idéalement, il présente une foulée économique, un galop qui demande peu d’effort, tout en ayant une bonne balance. Le cheval doit aussi avoir suffisamment de « go », mais rester clair dans sa tête. Même dans des situations stressantes, il doit pouvoir rester gérable et réagir avec calme et lucidité.

La voltige est un sport particulier parce qu’il réunit plusieurs dimensions : c’est à la fois un sport équestre et un sport d’équipe. Le cheval n’est donc pas seulement un athlète, mais aussi un partenaire en qui il faut pouvoir avoir une confiance absolue. C’est un élément essentiel – non seulement pour la performance, mais aussi pour la sécurité et l’harmonie de toute l’équipe.

Quelles sont les bases de l’entraînement d’un cheval de voltige pour développer sa confiance et sa stabilité ?

L’essentiel est de construire une base de confiance durable. Le cheval doit apprendre à rester détendu et concentré, même lorsqu’il est entouré de plusieurs personnes ou lorsque des figures acrobatiques sont réalisées sur son dos.

Les chevaux évoluent au fil du temps : selon les phases ou les saisons, ils peuvent être plus ou moins en forme et performants. C’est pourquoi les longeurs et les entraîneurs doivent rester attentifs en permanence et adapter l’entraînement en continu. Ce qui fonctionnait bien il y a six mois n’est peut-être plus adapté aujourd’hui.

En tant que longeuse, quelle est ta mission principale ?

Je suis le lien entre le cheval et le voltigeur. Ma tâche consiste à bien préparer le cheval lors de l’échauffement. Je travaille sur le rythme, la décontraction, l’impulsion et la mise en main. Mon objectif est de maintenir une cadence régulière, de donner de la sécurité au cheval et de créer les conditions optimales pour que le voltigeur puisse exprimer tout son potentiel. Cela demande beaucoup d’expérience, une vigilance constante et une capacité d’adaptation. Il faut aussi rester concentrée, garder le focus sur le cheval et l’athlète, car il est nécessaire d’anticiper en permanence et de réagir rapidement.

Être longeuse ne signifie pas seulement tenir la longe, il s’agit de diriger l’équilibre, la dynamique et l’harmonie de l’ensemble du déroulement.

À l’approche des Championnats suisses : quels sont vos objectifs avec ton équipe et ton cheval ?

Notre objectif est de donner le meilleur de nous-mêmes et de représenter dignement la Suisse. Nous voulons présenter une prestation propre, harmonieuse et équilibrée, qui reflète l’engagement de toute l’équipe.

Les championnats suisses sont aussi l’occasion de mesurer nos progrès, d’identifier nos points faibles et de vivre ensemble des moments inoubliables. Bien sûr, une médaille est toujours une motivation, mais l’essentiel est de proposer un programme qui nous ressemble, où le cheval, les voltigeurs et la longeuse ne font qu’un.

Enfin, quel conseil donnerais-tu à un jeune voltigeur ou à quelqu’un qui souhaite devenir longeur ou longeuse ?

La voltige est une discipline incroyablement variée, qui demande beaucoup d’engagement et de travail. Mon premier conseil aux jeunes voltigeurs est de ne pas seulement écouter l’entraîneur, mais aussi de prendre leurs responsabilités, de rester curieux et de faire preuve d’initiative. La voltige est un sport merveilleux – en particulier pour les enfants et les jeunes – car il se pratique en équipe. On n’est jamais seul : on fait partie d’un groupe et, en même temps, on forme un trio avec la longeuse et le cheval. Ce mélange entre sport équestre, esprit d’équipe et mouvement rend la voltige unique. De plus, elle est financièrement plus accessible que beaucoup d’autres disciplines équestres, puisque le cheval est partagé.

Pour les longeurs, mon conseil le plus important est de ne jamais croire que l’on sait déjà tout. Même avec beaucoup d’expérience, il faut toujours se remettre en question. Il n’existe pas de recette toute faite pour un cheval – chacun évolue différemment. Ce qui fonctionnait il y a six mois n’est peut-être plus adapté aujourd’hui. Les chevaux traversent différentes phases : parfois ils sont très performants, parfois un peu moins. Seuls ceux qui restent attentifs, flexibles et ouverts au changement peuvent vraiment progresser dans ce rôle exigeant.